Construction d’un bâtiment ? Aménagement d’un parking ? Réaménagement de voies de circulation ?
Il va bien falloir que tout cela contribue aussi à la lutte contre les îlots de chaleur urbains (ICU), à la maîtrise des inondations et donc, indirectement, à la lutte contre le réchauffement climatique.
L’actualité l’exige, avec ses successions de canicules et de catastrophes liées aux pluies soudaines.
Les grandes villes se sont engagées dans cette direction, les villes moyennes suivent. Mais d’un point de vue plus concret et plus technique, par quoi cela doit-il se traduire ?
Document d’urbanisme
Il va en fait tout simplement falloir qu’un certain nombre d’exigences figurent dans les règles générales des documents d’urbanisme.
Certes on peut lutter contre ces nouveaux phénomènes climatiques avec des orientations d’aménagement, des schémas directeurs de planification urbaine, avec du zonage, un plan d’occupation des sols ou plan local d’urbanisme, comme cela s’appelle désormais (Plui) rivalisant d’idées nouvelles.
Bref avec quantité de règlements sur l’utilisation du sol.
Ambitions
On peut exiger des espaces naturels en centre-ville, déclarer certaines zones urbaines non constructibles, créer des servitudes d’utilité publique dans l’occupation des sols, établir un plan de zonage, ne pas oublier le plan de prévention pour les risques naturels, mettre à disposition du public de nouvelles zones naturelles sur le territoire communal ou intercommunal.
En un mot, on peut (et on doit) réorganiser l’espace. Avoir de grandes orientations en matière de développement durable en allouant plus de surface au sol à la nature.
Mais cela ne suffira pas.
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Descendre au niveau du bâti lui-même
Cela ne permettra pas d’éviter que les rayons du soleil se reflètent les uns les autres sur des façades en verre, en créant un effet “four” l’été.
Ou que la pluie d’automne continue de prendre de la vitesse en tombant de terrasse en béton en terrasse en béton et en finissant à grands flots dans des caniveaux saturés.
En clair, il faut descendre au niveau du bâti ou du projet lui-même.
Et songer à exiger des nouveaux équipements publics ou privés (bâtiments, parkings, voiries, etc.) qu’ils atteignent certains critères de performance.
Le combat doit se jouer aussi sur chaque projet d’aménagement. L’intérêt général passe par une nouvelle façon de penser chaque projet particulier.
S’il faut avoir une vision globale de la façon dont s’écoulent les eaux pluviales, par exemple, ou de la cohérence territoriale du point de vue paysager, il faut aussi songer à ériger des règles de construction, ou tout au moins des objectifs de performance pour chaque bâtiment ou aménagement.
Les grandes directions
De nombreuses expériences ont été menées dans les grandes villes occidentales.
On sait aujourd’hui que la végétalisation joue un rôle majeur dans la maîtrise de ces effets (ICU, eaux pluviales).
Pas seulement celle des espaces verts ou les arbres plantés dans les espaces publics.
Il s’agit aussi de la végétalisation des toits, terrasses, parkings. Faire en sorte que la nature s’insinue à nouveau dans tous les espaces artificiels qui l’ont évacuée en quelques décennies. Cela aussi doit relever du document d’urbanisme.
Le cycle de l’eau, nouveau sujet du document d’urbanisme
En fait, comme l’explique Pierre Georgel, président d’ECOVEGETAL dans cette vidéo, il s’agit de rendre à nouveau la ville poreuse.
Tout revient en effet à une question liée au cycle de l’eau. Il faut sortir de la vision classique où l’on apporte de l’eau potable par de grands tuyaux d’un côté et où on l’évacue via des réseaux d’assainissement de l’autre.
Ce que racontent en général un document d’urbanisme d’aujourd’hui.
La ville doit également s’inspirer de la logique forestière, la forêt étant l’éco-système parfait où il fait frais l’été et où l’eau est recyclée (au sens premier du terme, elle suit un cycle) immédiatement : vers le sol, vers les airs.
L’eau et la fraîcheur
La véritable “révolution copernicienne” qui doit se produire, celle du cycle de l’eau donc, ne consiste pas seulement à comprendre que des eaux pluviales mieux gérées évitent les inondations.
Non, cela va beaucoup plus loin. Le cycle de l’eau intervient aussi, et peut-être même surtout, dans la régulation thermique. Cela est beaucoup moins connu. Et pourtant, c’est sans doute la meilleure façon d’éviter la catastrophe des excès de climatiseurs qui se profile déjà (ils consomment au niveau mondial déjà plus d’énergie que le chauffage).
Le phénomène naturel le plus important peut-être, le plus invisible en tout cas et pourtant le plus quotidien pour tous les êtres vivant sur la terre ferme, est en effet celui de l’évapo-transpiration des végétaux.
Cette capacité des plantes à absorber et re-transpirer de l’eau n’a rien d’anecdotique. Ce n’est pas juste une affaire de plante.
Comme l’explique Pierre Georgel, dans cette autre vidéo, l’absorption de calories qui se produit à ce moment-là est la clé du confort urbain des villes de demain.
Document d’urbanisme de demain
Au fond chaque ville doit redevenir une zone naturelle en soi. Ce qui ne veut pas dire “sauvage”.
La philosophie qui sous-tend cette révolution copernicienne consiste tout simplement en effet à en finir avec l’opposition “végétal-minéral”. La pierre dont nous avons toujours fait nos maisons est désormais trop présente pour nous protéger. Elle provoque risque d’inondations et inconfort thermique. Elle doit donc retrouver son âme sœur, la plante, pour que chaque zone urbaine devienne une zone où le cycle de l’eau s’accomplit au mieux.
C’est cela que l’on devrait entendre désormais derrière la notion de “cadre de vie”. L’usage des sols devrait être fondé sur le respect de ce cycle.
Utopie des années 70 ? Plus vraiment. Les progrès sont là. Et il s’agit désormais moins d’une question de technologie que d’une question de bon sens et de volonté. La volonté d’insérer des exigences de performance nouvelles dans tout document d’urbanisme.