Vous avez déjà remarqué la tache d’huile sur un sol de parking. Cette tache qui semble faire partie du décor urbain et ne représente apparemment pas un grand danger pour l’environnement. En réalité, nous en parlions ici, la tache d’huile de moteur sur un parking a un plus gros impact qu’on ne veut bien le croire. C’est ce qui a poussé des chercheurs du Leesu, conjointement aux experts d’ECOVEGETAL, à mener une étude sur les performances des sols de stationnement en matière de contamination.
L’hypothèse de départ : un parking imperméable, au moins, contient l’huile de moteur ; à l’inverse d’un parking perméable qui va infiltrer les hydrocarbures directement dans les sous-sols et nappes phréatiques.
Partant de là, le résultat est bien surprenant…
Une étude LEESU – ECOVEGETAL – CEREMA pour quoi faire ?
Le projet de recherche est né du constat de pollution des eaux de voirie en ville. Les micropolluants issus de la circulation et du stationnement se retrouvent par la suite dans les milieux aquatiques.
L’étude a donc examiné la façon dont les eaux pluviales ruissellent sur différents types de parkings et leur état à l’arrivée dans les eaux de l’exutoire (cours d’eau, nappe, retenue…). Elle compare pour cela les performances de parkings totalement imperméables (parking classique type enrobé béton) et de parkings perméables (ECOVEGETAL). Lucie Varnede, qui a conduit les travaux entre le LEESU, ECOVEGETAL et le Cerema, la résume ainsi : « La thèse a pour but d’évaluer les capacités de parkings perméables végétalisés à abattre les flux d’eau et de polluants des eaux pluviales urbaines, et de développer un modèle conceptuel et un modèle physique pour aider à la conception et à la compréhension du fonctionnement des parkings perméables. »
Les objectifs affichés de l’étude, réalisée entre l’année 2014 et aujourd’hui :
– Diagnostiquer la composition des eaux et leur toxicité ;
– Identifier les sources primaires ;
– Évaluer in-situ l’efficacité des plusieurs solutions innovantes de traitement de technicités différentes (hydrologie, chimie et écotox) ;
– Analyser la performance environnementale globale (ACV) et la durabilité (maintenance, vieillissement) de ces solutions ;
– Évaluer l’acceptabilité sociale et technique, le coût, le potentiel de diffusion des solutions.
Les premiers résultats : tout s’infiltre (ou presque) dans les sols
Une journée pluvieuse produit des résultats bien différents sur un parking perméable et sur un parking imperméable. C’est ce qu’a démontré l’étude, dirigée par Lucie Varnède,
L’un laisse ruisseler toutes les eaux, qui vont se charger au passage de microparticules polluantes (hydrocarbures, entre autres). L’autre, en revanche, infiltre directement les eaux, qui sont filtrées par les végétaux et minéraux des différentes couches.
Infiltrer les hydrocarbures dans le sol : n’est-ce pas beaucoup plus risqué ?
C’est là que le doute s’installe. En constatant que les eaux de pluie et les micropolluants qu’elles rencontrent vont s’infiltrer dans les sols, on est aussitôt tenté de penser : c’est râpé pour la nappe phréatique, elle va recevoir directement ces hydrocarbures et les eaux seront contaminées.
Fer, Manganèse, Potassium, Sodium, Neptunium, Aluminium, Cobalt, Calcium, Bisphénol A, Phtalates… Ils descendent dans les sols avec l’eau qui les lessive sur son passage.
Mais si ce raisonnement semble logique, il est en fait totalement erroné ! Oui, en réalité, que tous ces polluants descendent dans les sols, c’est plutôt une bonne nouvelle.
L’idée fausse qui fausse tout
Si l’on a tendance à penser que la perméabilité est un danger pour ce qui se trouve en-dessous, c’est souvent par manque de données. La donnée manquante, c’est celle qui précise que l’action des végétaux, du substrat et des minéraux combinés filtre et dépollue donc ces eaux. Les microparticules restent stockées dans les sols où elles sont en grandes partie dissoutes sous l’action des végétaux.
Par ailleurs, les éléments chimiques tels que le fer, le calcium, etc., sont déjà naturellement présents dans les sols. Ils sont parfaitement gérés en intégrant les sous-couches d’un parking végétalisé.
La preuve dans cette vidéo Roulépur Leesu ECOVEGETAL.
Le problème majeur reste le ruissellement
Le phénomène de ruissellement lié à l’imperméabilisation des sols est connu depuis longtemps. Et avec lui, connu aussi l’effet contaminant sur les milieux aquatiques environnants.
En cas de fortes pluies, notamment, les eaux pluviales ruissellent et accrochent dans leur course les microparticules liées au mobilier et l’aménagement urbain. Cela inclut les plastiques, hydrocarbures et autres pollutions organiques rejetées par les véhicules qui circulent et stationnent en ville. Gênées par les surfaces imperméables elles vont engorger les réseaux de canalisations et d’évacuation. Jusqu’aux cuves des stations d’épuration, parfois, qui débordent et ne peuvent plus gérer de telles quantités d’eau. Un problème qui n’a plus rien d’anecdotique, avec l’augmentation des épisodes climatiques extrêmes.
Il est certes difficile de mesurer le degré de contamination aux microparticules de ces eaux. Mais il est avéré que, même en petites quantités, les hydrocarbures impactent durablement les milieux aquatiques. Et diverses études le reconnaissent : la décontamination au plus près de l’exutoire est presque toujours impossible. La solution la plus évidente pour la décontamination durable des eaux reste donc bien le parking végétalisé, et donc totalement perméable.