En avril 2022, il est tombé 25% d’eau en moins que la moyenne sur toute la France. À quelques semaines de l’été, trente départements subissent des restrictions d’eau… À l’inverse, le mois de juin 2021 établissait des records de pluies et d’orages. Entre sécheresse, érosion des sols et crues incontrôlables, stockage ou évacuation, la gestion des eaux pluviales n’a plus rien d’anecdotique.
En milieu urbain ou rural, particulier, entreprise privée, collectivité, tout propriétaire d’un terrain public ou privé, bâti ou non, doit aujourd’hui se poser la question de sa gestion de l’eau de pluie. C’est autant un sujet de tranquillité dans les rapports de voisinage que de sécurité dans l’espace public.
En ville, les schémas classiques d’évacuation (gouttières et cheneaux en toiture, tubes et tout tuyau en sous-sol…) ne suffisent plus à absorber les intempéries et éviter le ruissellement. Ce sont alors les égouts qui débordent, les sols qui craquèlent sous les rues inondées, l’habitat touché par de brusques montées des eaux et, en périphérie, les cours d’eaux qui sortent de leur lit pendant que les nappes phréatiques s’assèchent, les sols cultivés qui forment des coulées de boue…
D’un côté, la réglementation en matière d’évacuation des eaux est aussi riche que confuse. De l’autre, il ne suffit clairement plus de traiter le problème en aval ou par des systèmes classiques de déviation des pluies.
Voilà pourquoi les solutions de gestion des eaux sur place, à la parcelle, s’imposent aujourd’hui. Elles répondent tant à l’urgence de l’évacuation que du stockage des pluies. Par ailleurs, plutôt que de considérer l’eau comme une contrainte, un coût de gestion, voire un danger, ces types de solutions contribuent à en faire une ressource positive, nécessaire et surtout… gérable.
Quels sont les problèmes classiques d’eaux pluviales ?
En règle générale, quand on en parle, c’est qu’il y a un problème d’évacuation. C’est le cas, par exemple, du particulier qui subit les rejets de pluies du voisin, par le toit ou via un terrain en pente.
Ou c’est le problème du réseau d’évacuation des eaux pluviales de la collectivité, limité voire défaillant, qui ne suffit plus à renvoyer les pluies précipitées vers l’exutoire, ou avec un risque de contamination des nappes et cours d’eau…
Pour les particuliers : le conflit de voisinage
La question de l’évacuation des eaux pluviales se complique parfois pour les particuliers dont la maison est proche de celle du voisin. La réglementation impose que les eaux tombent d’abord sur la parcelle du propriétaire avant de s’écouler naturellement ailleurs. D’où les gouttières classiques qui canalisent les pluies ruisselant du toit… Et qui deviennent vite une source de conflit dès qu’elles débordent.
La toiture du voisin qui dégoutte ou le terrain inondé par le ruissellement du terrain situé juste au-dessus : la règle de la « servitude de l’écoulement naturel des eaux » peut exiger du propriétaire qu’il subisse passivement ces trombes d’eau.
Pour les collectivités
Le plus compliqué, dans la gestion des eaux pluviales à l’échelle d’une collectivité, c’est de s’y retrouver dans la réglementation en vigueur. Cet article complet vous sert de guide sur le sujet. Loi sur l’Eau, Code Civil, Maptam, Alur… autant d’acronymes que d’exigences floues.
Le challenge des collectivités consiste surtout aujourd’hui à savoir gérer le ruissellement – voire les inondations – et la contamination des eaux en aval (nappes, cours d’eau) sans passer par la traditionnelle solution « tout tuyau »… Mais il consiste aussi à trouver des parades pour pallier les ressources en eau qui s’épuisent l’autre moitié de l’année.
Des eaux pluviales aux inondations
Comme le dénonce un expert en architecture bioclimatique dans cet article sur la gestion à la parcelle, le problème de notre époque, c’est que « les tuyaux sont vite surchargés ».
En effet, le raisonnement qui consiste à dire « je redirige les eaux pour les évacuer en aval » ne permet souvent plus d’absorber les quantités réelles et leur débit, ni de traiter les eaux avant de les rejeter. Les systèmes classiques d’évacuation arrivent à saturation et les eaux remontent vite en surface.
Mais ce n’est que la première moitié de l’équation. Avec l’imperméabilisation systématique des sols, l’eau ne s’infiltre pas et ruisselle automatiquement.
La combinaison des deux facteurs conduit fatalement à l’inondation. Et chaque année, les coûts s’alourdissent pour les aménageurs et les collectivités.
Les rues sous l’eau, les sous-sols et habitations inondés, le site du gouvernement, Géorisques, établit qu’en « France, le risque d’inondation est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque, le nombre de communes concernées, l’étendue des zones inondables et les populations résidant dans ces zones ».
Et les villes ne sont pas les seules à en souffrir. Le milieu rural est de plus en plus touché par la montée des eaux et les eaux pluviales qui stagnent, saturent et inondent jusqu’aux terres cultivées. Le déboisement et l’érosion diffuse des sols, combinés à certaines pratiques agricoles intensives transforment la nature des sols et leur perméabilité naturelle. L’eau ruisselle au lieu de s’infiltrer, ce qui accroît les phénomènes de boues et mouvements de terrains.
… Et ce n’est que le début !
Deux tendances viennent renforcer durablement ces effets : le réchauffement climatique qui s’intensifie d’une part, et l’artificialisation des sols, toujours en expansion en France, de l’autre.
Les effets du réchauffement climatique
Même si les résultats précis et les phénomènes concrets sont encore difficiles à prévoir, les études du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) montrent depuis longtemps déjà que les épisodes climatiques extrêmes vont en s’intensifiant.
Ce qui signifie que les orages et les pluies torrentielles qui ont frappé ces dernières années le sud de la France (Alpes Maritimes, Gard, Aude, Var, Corse…) le nord (Nord, Nord-Pas-de-Calais) et les départements de l’Est, devraient se reproduire à haute fréquence, voire s’accentuer avec le temps.
Là non plus, la violence des intempéries n’arrive pas seule. Combinée à la sécheresse des sols sous l’effet de la chaleur et de l’érosion, elle accentue les risques d’inondation, de coulées de boues, d’instabilité et de mouvements de terrains.
Et ceux de l’artificialisation des sols
D’après les chiffres du ministère de l’Écologie début 2022, entre 20 000 et 30 000 hectares de terres sont artificialisées chaque année en France. Soit l’équivalent de deux à trois fois la surface de Paris (intramuros).
Ces sols imperméabilisés ne respirent plus ni n’infiltrent plus une goutte d’eau. Même en y intégrant des parcs, jardins et carrés d’herbe, les voiries faites de béton et d’asphalte ainsi que et les revêtements imperméables autour font grimper le coefficient de ruissellement.
Par ailleurs, les sols artificialisés n’absorbent plus la moindre particule de CO2 non plus, ce qui accentue encore les phénomènes liés au réchauffement climatique.
Gestion des eaux pluviales : quelles solutions pour demain ?
Face à ces problématiques, la pensée globale ne fonctionne plus. Traiter les eaux de pluie au niveau de toute une ville, à renforts de canalisations, fossés et noues ne suffit pas. Les bons réflexes commencent en fragmentant les solutions, tant au niveau des sols qu’en toitures. Combinées entre elles, ces solutions permettent de réduire voire de ramener le coefficient de ruissellement à zéro. Et, à l’opposé du spectre, de préserver la ressource en eau.
Gestion à la parcelle
Il s’agit de faire le cheminent inverse du raisonnement habituel qui était : ramener toutes les eaux ruisselées vers un ou plusieurs exutoires. Dans une gestion des eaux à la parcelle, on traite le problème directement là où tombe la goutte de pluie.
Dans l’espace public (parcs, allées, cimetières, parkings et zones de stationnement), cela veut dire infiltrer l’eau directement dans le sol. Avec un système solide et drainant, qui peut aller de la surface engazonnée aux dalles béton ajourées pour une infiltration minérale. Ou encore un système de sols stabilisés pour les sols agricoles ou équestres, chemins, liaisons douces et talus.
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Les trois superpouvoirs d’une toiture verte en matière de gestion des eaux pluviales
Vous pouvez également infiltrer les eaux pluviales directement grâce à une toiture végétalisée performante. Un toit végétalisé jouera plusieurs rôles essentiels :
- Limiter voire supprimer le ruissellement : les végétaux reçoivent et « boivent » une partie de la pluie. Entre les plantes et le substrat, Les toits n’accumulent pas les eaux, les gouttières ne sont plus surchargées.
- Contribuer à rafraîchir l’air ambiant : par le phénomène d’évapotranspiration, les végétaux rejettent dans l’air les excédents d’eau absorbée. Ce qui fait baisser la température sur le toit et dans le bâtiment.
- Filtrage des eaux : entre les plantes, le substrat et le système drainant, les eaux sont passées au crible naturel qui filtre les polluant et augmente le pH. En s’infiltrant ensuite au sol dans les nappes et les cours d’eau, elles seront donc déjà en partie décontaminées.
Drainage et rétention d’eau
Pour éviter de saturer les sols ou les végétaux et limiter le ruissellement, la solution essentielle est de temporiser. Donc de « boire » les quantités d’eau directement sur place, mais avec lenteur. C’est là que le drainage a toute son importance. Un drainage minéral (cailloux, graviers, billes d’argile, etc.) infiltre la pluie en agissant comme un goutte-à-goutte qui évite la formation de flaques ou encore l’asphyxie racinaire.
Sur une toiture terrasse végétalisée, vous pouvez encore accentuer le retardement du ruissellement et en tirer un autre bénéfice : le stockage de l’eau.
Avec un système de rétention des eaux pluviales comme AQUASET, par exemple, la toiture retient l’eau au lieu de la laisser s’écouler par les gouttières. Combinée à une solution de végétalisation, le duo se complète et se renforce. Les plantes s’auto-alimentent en eau ou évaporent les excédents de pluie.
Que dira la réglementation à l’avenir ?
La réglementation en matière de gestion des eaux pluviales est, certes, fournie… Mais elle s’apparente plus à un encadrement incitatif qu’à de réelles mesures contraignantes (dans la plupart des cas ; chaque situation est unique et il reste important de vérifier à quelles obligations sont soumis chaque zone et projet).
En revanche, face à l’accroissement des risques liés à l’eau, les textes pourraient se durcir demain.
Les documents de prévention des risques pourraient se généraliser (compétence des communes), avec de nouvelles contraintes voire des sanctions sur la question du zonage d’assainissement.
Le Code de l’Urbanisme pourrait exiger demain que la gestion des eaux soit traitée spécifiquement et en détail pour délivrer un permis de construire.
On pourrait imaginer dans le Code de l’Environnement un aparté contraignant sur ce point. Avec des exigences de critères de performance à la parcelle, par exemple, dès l’élaboration du projet par le maître d’ouvrage, et indépendamment des critères de surface.
Ou encore, dans la même veine que les passages de la Loi Alur sur la perméabilité des parkings, la loi pourrait imposer des surfaces minimales végétalisées ou perméables dans les projets de construction ou d’aménagement d’une certaine ampleur.
Maître d’ouvrage, élu local, architecte, entrepreneur ou particulier, pensez donc au facteur gestion des eaux le plus tôt possible.
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