Arbre en ville : quelle fosse de plantation ?

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“Combien d’arbres allez-vous planter dans votre projet ou ville ?” Si vous pensez que c’est la question la plus importante, il est temps de revoir vos priorités. La véritable interrogation qui doit vous préoccuper est : “Comment assurer que ces arbres seront toujours vivants et en bonne santé dans 20 ans ?”

Aborder un projet d’aménagement urbain sans se poser les bonnes questions dès le départ, c’est risquer d’obtenir des résultats décevants, voire contre-productifs. Quel espace allez-vous allouer à chaque arbre pour sa croissance ? Avez-vous envisagé la nature du sol urbain et le choix du substrat ? Quelle essence est adaptée à votre climat et aux contraintes spécifiques de votre projet ?

Ne commettez pas l’erreur de planter des arbres sans penser à leur avenir.

Les arbres en milieu urbain ne sont pas de simples décorations : ils ont un rôle essentiel dans la régulation thermique, le stockage d’eau et le soutien à la biodiversité. Mais pour qu’ils jouent ce rôle, ils doivent d’abord survivre, puis se développer harmonieusement.

La clé réside dans la préparation. Il est crucial de penser non seulement au moment de la plantation, mais surtout à l’avenir de ces arbres. Cela nécessite une compréhension approfondie des besoins de chaque essence, du substrat idéal et des meilleures techniques de plantation.

Rappelez-vous : la question n’est pas de savoir combien d’arbres vous allez planter, mais comment vous allez les planter pour garantir leur survie et leur développement optimal au sein de votre projet.


Tout est dans la fosse : voici pourquoi

La préparation de la fosse de plantation d’un arbre en ville est bien plus qu’une simple étape préliminaire. C’est, selon de nombreux experts, la fondation même sur laquelle repose la santé, la croissance et la longévité de l’arbre. La fosse de plantation est au cœur des défis que les arbres rencontrent en milieu urbain. Voici pourquoi :

Qualité du sol :

Le sol de la fosse détermine si un arbre urbain prospère ou périclite. Un sol riche, bien drainé et non compacté favorise un développement racinaire robuste, rendant l’arbre résilient face aux stress urbains. La préparation initiale est donc primordiale pour l’arbre pour accéder à une pleine terre riche.

Espace et concurrence :

Pierre Georgel, président d’ECOVEGETAL, souligne à quel point l’espace est vital : “En ville, les arbres sont concurrencés par la présence des réseaux. Les réseaux habitent le sol…on va toujours chercher à protéger les réseaux contre le racinaire des arbres”. Une fosse de plantation suffisamment grande est essentielle pour fournir à l’arbre l’espace dont il a besoin, tout en évitant les conflits avec les infrastructures souterraines.

Drainage :

Une fosse bien conçue assure une bonne évacuation de l’eau, évitant l’asphyxie des racines. Comme le précise M. Georgel, un arbre bien enraciné, avec un accès à de la pleine terre, peut “émettre entre 600 et 800 litres d’eau par jour”. Cela souligne l’importance d’un drainage efficace.

Adaptation au changement climatique :

Les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents. Les fosses de plantation bien conçues peuvent aider les arbres à y faire face, en retenant l’eau à la source et en permettant son infiltration dans des sols perméables.

Protection et cohabitation :

 “On ne peut pas mettre des arbres partout en ville parce que le sol est occupé”, ajoute Pierre Georgel. La conception des fosses de plantation doit donc tenir compte des réalités urbaines, comme la végétalisation des façades ou des toitures, pour maximiser les bienfaits des arbres en ville.

En somme, bien que le choix de l’espèce d’arbre et son entretien ultérieur soient essentiels, c’est véritablement la préparation de la fosse de plantation qui détermine si un arbre en ville prospérera ou non. Le message est clair : donner la priorité à la préparation pour assurer la survie et le développement optimal des arbres urbains.

Les arbres urbains ont la pêche ? Merci la fosse!

Comment certains arbres en ville dégagent-ils une vitalité étonnante alors que d’autres languissent. La Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève – Hepia apporte des réponses tranchantes.

Les villes creusent, purgent et rebouchent sans cesse. Mais tout ça pour quoi? Pour remplir ces fosses avec des matériaux aussi accueillants pour les racines qu’un mur de briques. Est-ce vraiment la meilleure stratégie pour un urbanisme vert? 

Projetons-nous dans un siècle. On aura planté des millions d’arbres. Ils seront tous morts. Sans une politique intelligente, on risque de déambuler dans des cités désertiques qui n’auront pas su s’adapter à des climats plus rudes, une biodiversité en chute libre et une ambiance générale pas vraiment propice à la zenitude.

Hepia a fait une comparaison éloquente. Deux arbres identiques (ulmus x lobel), issus de la même pépinière, plantés en deux lieux différents : des résultats de croissance radicalement différents. 


Plantation 1 : 4m3 de terre pour la fosse de plantation => croissance de l’arbre en 9 ans 35cm 47cm : +12cm, soit 1,3 cm par an.  
Plantation 2 : 9m3 de terre pour la fosse de plantation =>en 9 ans 33cm 69cm : +36cm, soit 4 cm par an – 


Cette différence de croissance entre les deux sites (+ 250% pour la plantation 2) est due au volume des sols et donc à la quantité d’eau disponible pour le végétal.

Et l’astuce ? Un sol riche, bien préparé. L’un des arbres a carrément boosté sa croissance de 250%. 

Mais la réalité urbaine, c’est aussi une série d’impairs. Des fosses mal préparées, des espèces mal choisies, des soins bâclés. Autant d’obstacles qui freinent l’épanouissement de nos poumons verts. Pour une ville respirable et ombragée, ces détails comptent.

Et si l’on développait les fosses continues ?

Approche de plus en plus développée ces temps-ci : le concept des fosses continues. Au revoir fosses isolées, limitantes et restrictives, voici une véritable autoroute souterraine pour les racines.

Dans cette vision, les arbres ne sont plus confinés dans de petits espaces. Les fosses continues leur offrent un territoire expansif, un terrain d’exploration sans fin. Les racines, dans cette liberté retrouvée, peuvent s’étendre, se connecter et mutualiser leurs ressources. Cette interaction sous le sol favorise la résilience, la distribution optimale de l’eau et une meilleure absorption des nutriments.

Il ne s’agit pas seulement d’une amélioration pour nos arbres. Les bienfaits se répercutent à l’échelle de la ville entière. Avec les fosses continues, les espaces urbains gagnent en vitalité, les zones d’ombre augmentent, l’air est plus pur et l’esthétique naturelle reprend sa place dans le paysage urbain.

C’est une évolution comparable au saut technologique entre la 2G et la 5G. Il ne s’agit plus seulement d’une simple plantation, mais d’une intégration intelligente et optimisée de la nature en milieu urbain. En mettant en avant le potentiel des fosses continues, nous envisageons un futur où chaque arbre, chaque racine, joue un rôle crucial dans la dynamique de la ville.

Les fosses doivent infiltrer l’eau

Les fosses d’arbres jouent aussi un rôle dans la régulation des eaux pluviales. 

A Paris, une fosse standard couvre 3 m x 3 m, avec une profondeur de 1 m 40. Ce volume permet l’infiltration d’eau. Les fosses continues, en reliant plusieurs arbres, exploitent l’espace interstitiel et permettent de faire encore mieux, maximisant ainsi le potentiel de drainage. En reliant ces fosses sous les trottoirs par un sol structural innovant, nous créons une autoroute racinaire, permettant aux arbres de s’épanouir sur des kilomètres. Toutefois, les contraintes des réseaux souterrains demeurent, le défi reste de respecter cet équilibre délicat entre infrastructure et nature. 
On se donne toutefois le moyen de faire bien mieux, sur des espaces en surface équivalents.

Si, en outre, on choisit des essences qui endurent les rigueurs climatiques, résistent aux pollutions, tout en offrant un ombrage rafraîchissant et des avantages esthétiques, on améliore renforce la biodiversité et assure une santé arboricole robuste. 

fosse de plantation d'arbre en ville : fosse continue végétalisée. simulation 3D

Végétalisons au pied des arbres.

À Neuilly, avenue de Madrid, des fosses continues ont été utilisées pour planter des arbres et végétaliser à leur pieds. Quelques leçons ont été tirées de cette étude de cas.

Protéger les fosses d’intrusions diverses est essentiel.

Le piétinement compacte la terre, nuisant à l’aération. Ainsi, sécuriser la surface visible de la fosse devient une priorité. Des solutions, comme les corsets métalliques ou des entourages, empêchent les dégradations tout en permettant le ruissellement des eaux pluviales. Heureusement, des arbres résistants à la pollution chronique sont choisis, minimisant les effets des pollutions. L’ajout de grilles peut également prévenir l’accumulation de déchets.

Opter pour une surface de fosse perméable, voire végétalisée, est une stratégie gagnante.

La végétalisation renforce l’efficacité de l’infiltration des eaux pluviales et embellit l’environnement. Cependant, cette végétation doit avoir un espace adéquat pour prospérer – idéalement 2 mètres autour du tronc. L’ombre de l’arbre, son âge et son système racinaire déterminent le choix des plantes. En cas de forte exposition au piétinement, des revêtements perméables sont préconisés.

Enfin, la nature étant dynamique, l’évolution de la végétation est imprévisible.

Certains végétaux domineront, d’autres péricliteront à cause de divers facteurs. L’approche flexible est recommandée, s’adaptant à ces changements au lieu de s’accrocher à un schéma fixe de plantation. Embrassons cette dynamique naturelle !

Choisir le bon substrat

La sélection du bon substrat pour la plantation d’un arbre est cruciale pour assurer son développement sain et vigoureux. Le substrat idéal est celui qui est adapté aux besoins spécifiques de l’arbre en fonction des conditions environnementales et de la situation de plantation. La taille de la fosse doit être proportionnelle à la grandeur de l’arbre, permettant ainsi aux racines de se développer librement. Si l’arbre est planté dans des zones urbaines comme un trottoir, il faudra envisager des substrats qui résistent bien à la compaction tout en offrant une bonne aération et drainage.

L’essence de l’arbre joue également un rôle déterminant. Certains arbres, par exemple, peuvent préférer un sol plus acide, tandis que d’autres nécessitent un pH neutre. En cas de sécheresse, un substrat avec une bonne capacité de rétention d’eau serait idéal, mais il doit également permettre un drainage efficace pour éviter la stagnation de l’eau.

Dans des situations particulières, comme la plantation sur un toit, le poids du substrat devient une préoccupation majeure. Dans de tels cas, des mélanges légers, souvent enrichis de matériaux comme la perlite ou la vermiculite, sont recommandés. 

Il est donc essentiel de réaliser une analyse préalable des conditions spécifiques de plantation et des besoins de l’arbre pour choisir le substrat optimal. 

Le substrat mélange terre-pierre proposé par ECOVEGETAL est une solution novatrice, conçue spécifiquement pour répondre aux défis des plantations urbaines. Riche en éléments nutritifs et structuré pour une aération optimale, ce substrat combine des volumes précis de pierres ou cailloux avec de la terre arable, offrant ainsi une résistance au compactage. Dans les environnements urbains, où le compactage du sol peut être exacerbé par le trafic piétonnier et les infrastructures, un tel substrat assure une croissance saine des racines. Sa capacité à favoriser les échanges air/eau est particulièrement précieuse, garantissant un drainage efficace tout en retenant suffisamment d’humidité pour soutenir l’arbre. Le mélange terre-pierre d’ECOVEGETAL constitue donc un choix judicieux pour les aménageurs urbains cherchant à optimiser la longévité et la vigueur des arbres plantés en milieu citadin.

Planter des millions d’arbres ? La méthode Wangari Maathai

Wangari Maathai est une écologiste kényane qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2004 pour son combat contre la déforestation et la pauvreté en Afrique. Elle a fondé le Mouvement de la ceinture verte, qui a planté plus de 50 millions d’arbres sur le continent. Voici sa méthode en trois points:

     

      • Mobilisez les femmes locales, qui sont les principales utilisatrices des ressources naturelles, et formez-les à la culture et à la gestion des arbres. Offrez-leur une petite récompense pour chaque arbre qui survit, afin de les inciter à prendre soin de leur environnement et de leur revenu.

      • Choisissez des espèces indigènes, qui sont adaptées au climat et aux sols locaux, et qui offrent des avantages multiples, comme le bois de chauffage, la nourriture, l’ombrage et la protection contre l’érosion. Évitez les espèces exotiques, qui peuvent être invasives ou incompatibles avec l’écosystème local.

      • Ciblez des zones stratégiques, comme les sources d’eau, les écoles, les églises et les terres communales, où les arbres peuvent restaurer le cycle de l’eau, éduquer les populations et renforcer le lien social. Impliquez les autorités locales et les leaders religieux dans le projet, afin de garantir leur soutien et leur participation.

    En suivant ces trois points, vous pouvez planter des arbres en nombre et contribuer à la préservation de la nature et au développement humain. Suivez l’exemple de Wangari Maathai, la femme qui plantait des arbres!

    Image de Pierre GEORGEL
    Pierre GEORGEL

    Passionné de botanique depuis son enfance, a transformé son amour pour les plantes en une carrière florissante. Après des études réussies en horticulture et en paysagisme, il a lancé un projet audacieux à 20 ans : un jardin sur le toit du garage familial. Malgré des débuts difficiles, il co-fonde ECOVEGETAL, qui devient en 15 ans la référence en France pour les jardins sur toits et parkings. Une belle histoire d'innovation et de passion transformées en succès entrepreneurial.

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